Nonautistan News (ou « Pendant ce temps-là, au Nonautistan… »)
Les autistes, les handicapés enfermés, les pauvres, les misérables et les autres oubliés de votre système – s’ils ont accès à Twitter et s’ils ont le temps de se passionner pour vos exploits – seront peut-être ravis d’apprendre que vous avez reçu maraîchers et commerçants dans votre palais (le meilleur de France, comme vous dites).
A côté de cela, l’aventure maraîcho-boutiquière quasi simultanée de votre équipier subalterne M. Castaner fait bien pâle figure.
Il faut dire qu’il n’a pas les mêmes moyens.
La France sait se montrer généreuse (surtout avec l’argent du peuple), et le « bien-manger » et « bien-paraître », c’est si important, pour notre pays !
Peut-être que nous – les autistes – avons tort de nous focaliser sur nos propres problèmes, en oubliant ceux des gens normaux, comme par exemple les commerçants que vous défendez si bien.
Il faut dire qu’eux aussi souffrent, avec toutes les charges et taxes qu’on leur impose, et puis il y a la révision du 4×4, la piscine à mettre aux normes, etc. etc.
Quand je pense qu’en juin 2017 j’ai fait une grève de la faim de deux semaines (discrètement, pour ne pas « braquer » l’Etat), dans l’espoir naïf d’être enfin entendu par un Président qui, connaissant mon calvaire administratif (injuste, idiot, inutile et interminable), y aurait mis fin immédiatement…
Vous avez reçu mes collègues autistes à l’Elysée le 8/7/2017, et ils (enfin elles), pour expliquer le fait de n’avoir rien fait, m’ont dit que vous étiez « très occupé »…
Je vois cela…
Déjà, lors de votre dîner d’Etat chez les Trump, on avait eu l’eau à la bouche. Finalement, c’est cool, comme job, président. A choisir, je crois que je préfère encore ça, que d’être enfermé sans raison dans un hôpital psychiatrique (avec en plus, des menus pas du tout à la hauteur des 1000€ journaliers de facture).
Récemment, je vous ai envoyé une « bouteille à la mer » en colis recommandé (accusé de réception du 26 mars 2018).
J’imagine qu’elle aura été reçue avec moins d’égards et de faste que les « gens normaux », certes plus joviaux et moins « fatigants ».
Merci Monsieur le Président, pour l’excellence de toute cette succulence, et pardon de souffrir et de me plaindre tout le temps en vain.
Si on n’a pas de pain, on n’a qu’à manger de la brioche, c’est vrai.
Et si on souffre trop à cause des déficiences du système « normal », on n’a qu’à aller à l’hôpital ou dans une « institution ».
Si possible sans déranger les gens importants et très occupés.
« Bien à vous ».
Eric LUCAS
Autiste, martyr administratif français, exilé et demandeur d’asile au Brésil