Ce n’est pas l’autisme qui fait souffrir, c’est le regard et les mots des autres, par Mélanie Ouimet (via Le Huffington Post)

Difficile d’être ouvert d’esprit et de laisser les autistes vous amener vers leur monde intérieur…

Source : https://www.huffingtonpost.fr/melanie-ouimet/ce-nest-pas-lautisme-qui-fait-souffrir-cest-le-regard-et-les-mots-des-autres_a_23393700

Ce n'est pas l'autisme qui fait souffrir, c'est le regard et les mots des autres.

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Ce n’est pas l’autisme qui fait souffrir, c’est le regard et les mots des autres.

Il est facile de qualifier l’autisme d’épidémie, de tragédie, d’y trouver plusieurs « causes ». Il est facile de qualifier les autistes de personnes intoxiquées, troublées. Cependant, il est difficile d’être ouvert d’esprit et de laisser les autistes vous amener vers leur monde intérieur.

Plus les autistes prennent la parole, moins leur message est entendu. Plutôt que d’écouter leur voix, on préfère les censurer, les ridiculiser et les « disqualifier ». Oui, les « disqualifier »! Aujourd’hui, un adulte autiste qui s’exprime est dans une classe à part. Il y a les autistes, les « vrais » et les adultes autistes qui ne « flirtent » qu’avec l’autisme selon certains. Pourtant, ces adultes autistes ne sont pas moins autistes et surtout, ce n’est pas en les écrasant et en les repoussant que la compréhension de l’autisme s’améliorera.

Parallèlement, les causes de l’autisme se multiplient de manière plus exponentielle que « l’épidémie » d’autisme elle-même ! Des causes plus farfelues les unes que les autres : gluten, pesticides, eau embouteillée, écrans. Respirer donnera bientôt l’autisme ! Il semble plus facile de justifier l’autisme par une cause, souvent environnementale, hors de notre contrôle plutôt que d’admettre que les autistes sont des personnes divergentes simplement et qu’on ne comprend pas tout de leur fonctionnement.

L’autisme n’est pas un fléau et je ne parle pas seulement des autistes qui s’expriment. Je parle de ceux qui sont non-verbaux, qui se cognent la tête, qui se mordent jusqu’au sang, qui sont encore aux couches à 16 ans! Ceux pour qui il n’a pas été permis d’évoluer, parce que c’est de ça qu’il s’agit! Ceux qui sont demeurés dans « leur monde » perceptif, incapable d’exprimer leurs besoins, leurs préférences, leurs émotions, leur douleur. Ceux dont l’autisme a été si mal compris et les comportements si mal interprétés qu’on les a condamnés à la souffrance.

Comme il est facile de blâmer l’autisme de tous les maux, il serait facile inversement, de blâmer le « neurotypisme » de certains pour toutes les atrocités faites aux autistes depuis des décennies. S’il est permis dans notre société de dire que l’autisme est une catastrophe sans que cela ne choque, il n’est pas permis de parler de la souffrance des autistes. Celle causée, involontaire surement, par l’entêtement, l’obstination, l’incompréhension, l’émotivité des non-autistes, de certains spécialistes, de la société. Disons-le, le véritable fléau actuellement, ce sont les œillères que portent certaines personnes face à l’autisme.

Cependant, l’objectif ne devrait-il pas plutôt être la reconnaissance de la souffrance mutuelle? Pouvons-nous un instant faire preuve de respect, tous et chacun? Pouvons-nous ouvrir les ponts de la communication? Pouvons-nous essayer de se comprendre? Alors, de grâce, arrêtez de considérer l’autisme comme un voleur de vie, comme un fléau, comme une épidémie. De grâce, arrêtez d’inventer des nouvelles « causes » à l’autisme à chaque jour, qui passent de l’intoxication alimentaire, aux pesticides, aux métaux lourds, au temps passé devant les écrans, aux lésions cérébrales. Bordel! Enlevez vos œillères! Observez. Écoutez. Soyez ouvert d’esprit.

Le véritable fléau, c’est d’ignorer les autistes qui se tuent littéralement à expliquer le mode de fonctionnement autistique. Le véritable fléau, c’est de continuer aveuglément de faire des thérapies et des régimes à la débandade et d’accentuer ainsi, la souffrance aux autistes et de briser leur vie, comme si cela était normal et comme s’il n’y avait que cela à faire, parce qu’ils « sont malades ».

Ce n’est pas l’autisme qui fait souffrir, mais de n’avoir eu aucune chance d’évoluer.

La clé de la compréhension de l’autisme réside en les autistes, pas dans les pesticides et compagnie!

L’autisme vaincra.

Mélanie Ouimet est l’auteure de L’autisme: reconsidérer la nature humaine, aux éditions Parents éclairés

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