Affaire Timothée : Témoignage sur l’audience du 6 octobre au TCI [« Tribunal de la Concertation de l’Injustice »]

IMPORTANT :

– Les FAITS sont décrits de la manière la plus fidèle possible ;

– En revanche, les PHRASES en ITALIQUES [entre crochets] sont des AVIS PERSONNELS (forcément subjectifs) complétant la description des faits, et utiles au lecteur non familiarisé avec cette affaire.

Je soussigné Eric LUCAS, Délégué Général de l’Alliance Autiste (association ayant pour valeur première la sincérité), tiens à apporter mon témoignage en raison des éléments interpellants que j’ai observés, et certifie sur l’honneur l’exactitude et la véracité des faits que je rapporte ci-dessous.

– Je peux reproduire, si besoin, tout ou partie du présent témoignage (sans modifications autres que des suppressions de paragraphes), pour le faire en bonne et due forme dans le but d’une production en justice.
– J’autorise toute personne à le publier ou à en tirer un résumé, une synthèse ou un article, uniquement si le lien Internet vers ce texte original est mentionné (ceci afin de me dissocier des éventuelles erreurs et amalgames possibles dans un tel cas).
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J’ai assisté à l’audience du 6 octobre 2014 à 14h du Tribunal du Contentieux de l’Incapacité à Villeurbanne (69), relative au cas de Timothée D et j’ai constaté les faits suivants, classés par catégories dans un souci de clarté. Les titres et abréviations de catégories correspondent à ma manière personnelle de classer et de présenter les choses, et ne sont donc pas concernés par l’indiscutabilité des faits observés et rapportés avec fidélité. Certaines notes (entre [ ]) sont personnelles et me semblent importantes pour donner du sens aux faits décrits.
PDP/ PAS DE DEFENSE PRESENTE
Cette audience s’est déroulée en dépit du fait qu’il n’y avait personne pour défendre ou représenter l’enfant (qui était pourtant le principal intéressé) ou sa mère (qui est manifestement capable d’apporter des éléments importants, lesquels ont donc manqué).
Voici quelques uns des éléments énoncés par la présidente, avant que le tribunal ne se réunisse pour décider du rejet de report de l’audience, demandé par la mère :
–  La présidente : « (…) l’avocat devrait être là (puisque la procédure est orale) pour confirmer la demande de renvoi (…)  » [note personnelle : la présidente dit donc que l’avocate devrait venir de Paris à Lyon, juste pour confirmer sa lettre, qui est pourtant sous les yeux de la présidente (‘AFE’)]
– Plus tard, la présidente, en parlant au père, dit à nouveau qu’elle est surprise que l’avocate ne soit pas là « pour appuyer la demande de renvoi ». Et fait remarquer que l’avocate n’a pas téléphoné pour dire qu’elle était absente.
– La présidente redit que la demande de renvoi par écrit n’est « pas logique » car c’est « une procédure orale », mais que le tribunal est obligé de statuer dessus car « on a eu cette lettre, c’est tout de même une demande ».
– Après le délibéré et le rejet du renvoi, la présidente dit que « puisque Madame n’est pas là et que tout le monde connaît sa position, je donnerai la parole à Monsieur » (‘AFE’) [« tout le monde connaît sa position »? C’est suffisant, ça ? Pour elle, « tout le monde connaît sa position », pas la peine de l’entendre ? Mais les autres, si ?].
– Elle dit que la présence des représentants de l’académie a paru « indispensable pour prendre une décision ». [donc, selon elle, le point de vue de l’académie est indispensable, mais pas celui de la mère ?]
‘ECM’/ ENTENTE CORDIALE MANIFESTE
– Avant le début de la séance, les trois personnes de la MDPH et les deux de l’EN étaient en train de discuter entre collègues, de manière visiblement amicale et habituée, entre alliés. Ils ont continué à voix basse quand je suis arrivé.
– En dehors d’un certain formalisme obligatoire dans le choix des mots, les petites remarques et très brefs rires propres à toute conversation humaines conviviale en cas de petites erreurs de diction des uns ou des autres, ou d’allusions à des anecdotes pouvant induire le sourire, étaient de plus en plus fréquentes, aussi bien de la part du tribunal que des personnes en face (père, EN, MDPH).
– J’ai donc observé des personnes qui malgré leur air sérieux, manifestement destiné à correspondre aux contraintes de forme, étaient en train de passer un bon moment, en ayant le plaisir d’être tous d’accord, et de se conforter les uns les autres avec autant d’arguments qu’ils pouvaient en trouver, le tout orchestré par la présidente, qui parfois tendait même des perches lorsque cette « ambiance » s’essoufflait un peu.
– Voir aussi le paragraphe ci-dessous (‘CPP’) dans la mesure où cette symbiose était permise et encouragée du bout des lèvres par la présidente.
‘CPP’/ COMPLAISANCE DE LA PRESIDENTE POUR LE PERE (ou contre la mère)
– Chaque fois que la présidente adressait la parole à quelqu’un (père, EN, MDPH), c’était sur un ton sympathique (notamment avec un ton un peu plus aigu (montant) en fins de phrases, avec un air assez souriant – et parfois même de petits rires ou des sortes de gloussements approbateurs – et le tout de manière de plus en plus détendue au fur et à mesure de l’audience).
– Chaque fois que la présidente parlait de la mère (et, à moindre titre, de l’avocate), c’était sur un ton oscillant entre le « neutre crédible » (au mieux « froid ») et le légèrement moqueur à la limite du narquois ou presque ironique (dans la limite du raisonnable, mais tout de même parfaitement perceptible et indubitable), par exemple en prenant une intonation faussement incrédule ou faussement perplexe,
– Exemples [je ne donne que quelques exemples, car en fait tout était dans le même esprit, tout le long] :
-1- « Monsieur D. est là… bonjour Monsieur, approchez… [ton légèrement affable et aigu] … Madame  [ton légèrement froid et grave]… …est absente [ton légèrement condamnateur, que l’on prend pour parler de quelqu’un qui a encore fait quelque chose de mal, avec une petite moue de la bouche] -2- « Monsieur vous avez eu la gentillesse de nous faire passer votre jugement de divorce (‘ECA’), ce matin » (…) « [non,] de jugement des affaires matrimoniales (‘ECA’) [note : terme correct : « familiales »]
-3- (en parlant de la lettre de l’avocat) : « en raison d’un arrêt de maladie » [ton de quelqu’un qui doute, avec un léger « ?… » implicite] – « voir un médecin le 19 novembre » [idem] – « bilan médical » [idem] – « sans autres précisions » [idem, le ton indique que la présidente trouve ces arguments peu convaincants] – « sans causes spéciales de mentionnées » [idem] [et un peu toujours comme ça, chaque fois qu’il est question de l’avocate et surtout de la mère] -4- [très flagrant] En disant au père « Monsieur, sur cette demande de renvoi, votre avis, s’il vous plaît », la présidente rit un peu sur la partie « cette demande de renvoi » (c’est à dire de manière un peu hâchée, avec les petits hoquets qu’on a en disant quelque chose en riant, et avec l’expression souriante qui va avec)  [difficile de paraître plus complaisant, dans ce cadre] 
[Je souhaite préciser qu’à partir des déclarations 2 et 3 de la présidente, qui étaient ses toutes premières phrases, la tournure générale à prévoir pour cette audience m’est apparue comme évidente : complaisante avec les parties présentes, toutes d’accord, et « à charge » contre la partie absente. La suite s’est effectivement passée ainsi.] 
ou en commençant des phrases sans les terminer, laissant l’assistance acquiescer silencieusement à des allusions et sous-entendus partagés, le tout avec de nombreux petits (puis grands) sourires des uns et des autres, malgré un air d’efforts de retenue (apparences assez graves en dehors des sourires, choix de mots sérieux, correction dans tous les aspects formels et tangibles, mais ceci n’empêchait pas que le contenu de cette communication aux extérieurs assez formels était, lui, de nature presque joviale, tout le monde étant manifestement d’accord, et rajoutant des arguments à charge les uns après les autres, beaucoup, sans barrières, mais en parsemant cela de quelques précautions oratoires du style
« je ne veux pas faire d’acharnement institutionnel » (MDPH)
ou d’autres petites phrases polies, posées au préalable d’un déferlement d’accusations (notamment du père) formulées de manière assez douce.
– Dès que le père exprime la notion d’urgence (pour justifier le non-renvoi), la présidente s’empare tout de suite de l’argument (sans même lui laisser terminer sa phrase), comme d’un motif salvateur enfin suffisamment important, et ce sans même débattre sur cette « urgence » (comme si tous les arguments du père étaient forcément justes).
– Exemple de question « aidante » de la présidente au père : « Et qu’est-ce qu’il fait d’après vous votre fils à la maison toute la journée… rien ? »
– Elle aide le père, en continuant ses phrases « eh oui bien, sûr, c’est pas facile [pour le collège], compte-tenu des incidents.. ».
– La présidente, à propos des visites de l’enfant chez son père : « Comment ça se passe avec les demi-soeurs ? » [ton très enjoué et positif, encourageant] – le père: « eh bien écoutez… » – il est coupé par la présidente : « lui, il est content de les voir ? »  – le père « oui, bien sûr » [en fait, maintenant qu’il a senti que la présidente était de son côté, il a juste à confirmer et étayer ce qu’elle lui suggère] 
– La présidente cherche tous les détails « à charge » (je n’ai rien entendu qui soit « compréhensif » envers la mère) : elle reprend quelques mots du père dits un peu plus tôt, à propos de sa fille angoissée par la situation (médiatico-judiciaire), en l’incitant (tout en douceur) à développer ce point. Elle lui parle très gentiment, en compatissant par des « oui bien sûr » et d’autres termes similaires quand le père évoque les difficultés dans sa famille, avec son épouse « effondrée », etc. [le père parle sur un air assez accablé, et la présidente sur un ton presque de consolation, avec des manifestations vocales de sympathie (je ne sais pas si c’est réel ou feint, et rien ne prouve que ce que dit le père est sincère)].
– A la fin, le père s’inquiète auprès de la présidente, avec des circonvolutions un peu obséquieuses, de savoir si une décision « contre la volonté de la mère » [c’est-à-dire la décision de placement en IME qui ne fait aucun doute pour personne dans la pièce, dès les première phrases de l’audience, tout le reste paraissant exécuté « pour la forme »] si cette décision pourrait avoir un effet exécutoire immédiat, ce en quoi la présidente le rassure en disant « si j’ordonne » [elle se corrige] « enfin, si nous décidons d’ordonner l’exécution provisoire, la mise en route peut se faire tout de suite, même si la mère fait appel » [en disant ça d’un ton rassurant et, comme toujours, bienveillant avec lui)]
– Par la suite, quand j’ai relaté le côté « très gentil » de la présidente à la mère, celle-ci m’a expliqué qu’avec elle (lors d’une précédente audience), c’était tout le contraire, et pas rien qu’un peu. (Elle m’a dit que la présidente lui criait dessus, entre autres).
‘ECA’/ ERREURS, CONFUSIONS, APPROXIMATIONS 
– La présidente, pour informer ses quatre assesseurs, leur explique qu’il y a eu deux « crises graves » de l’enfant au collège, dont une au cours de laquelle « l’enfant a mordu la personne qui s’occupait de lui » [oui, elle a bien dit « mordu » – ce qui est absolument faux] 
– Suite à ça, le père précise qu’il croit que l’enfant n’a pas mordu, mais qu’il s’agirait plutôt d’un étranglement. [ce qui est faux également – et la confusion règne, car mordre et étrangler, ce n’est pas pareil] [et on se demande s’il dit ça par simple souci de justesse, ou bien pour aggraver la chose (un étranglement, c’est grave)]
– La présidente continue en disant qu’elle avait « noté qu’il avait essayé de mordre à la main la personne » [elle contredit ce qu’elle vient de dire, car cette fois ce n’est plus « il a mordu » mais « il a essayé de mordre »…] [la vérité c’est qu’il s’est mordu la main en serrant son AVS : on voit avec quel sérieux la présidente traite l’affaire, en démontrant elle-même, en direct, qu’elle peut « inventer des vérités », passer de « essayer de mordre » à « mordre » et transmettre ça à ses assesseurs (qui ne savent de l’affaire que ce qui leur est servi, mais qui votent !), alors qu’il n’a ni mordu ni essayé de mordre autrui]
– L’inspecteur d’académie (EN) parle de « l’agression » de Timothée sur son AVS.
[– Dictionnaire :  « agression » = « action d’attaquer de façon violente » – « attaquer » = « porter les premiers coups dans une intention hostile » ; « agresser, frapper, avec la volonté de vaincre en réduisant l’adversaire ».
— Réalité : pas d’agression ni d’attaque ni de coups, et encore moins d’intentions hostiles]
[je n’ai jamais vu qu’on attaque une personne en la serrant contre soi, visage contre visage] [si’il y avait vraiment eu « danger » ou « agression », alors comment expliquer que la plainte de l’AVS ait été classée sans suite ?? surtout dans un tel contexte où le moindre détail est monté en épingle contre la mère et l’enfant]
‘PIF’/ PROBABLES INCOHERENCES SUR LE FOND
– La MDPH dit que compte-tenu du fait que l’enfant a des difficultés à l’école, et pas de prise en charge au niveau des soins, la CADPH a trouvé justifié de l’orienter vers un IME, pour qu’il puisse suivre un enseignement adapté et avec cette prise en charge. Problème : ceci est en totale contradiction avec les principaux textes (CDPH, OMS, CCNE…) qui tous recommandent la scolarisation en milieu ordinaire et condamnent fermement l’institutionnalisation.
Incohérence : ils trouvent justifiée une chose très clairement condamnées, par des organismes et des conventions officielles qui les obligent ou les invitent fortement à faire le contraire de ce qu’ils font. Sans compter qu’il est connu et officiel qu’il n’existe pas ou peu de « prise en charge éducative » ou « d’enseignement » dans les IME, pour les autistes, qui (au mieux) n’y évoluent pas, et qu’on garde en essayant de les occuper.
– Après que l’on ait expliqué à la présidente que finalement l’enfant n’a mordu personne mais qu’il s’est mordu sa main à lui, elle bafouille un petit peu et cherche ses mots pendant quelques secondes, pour finalement dire que l’enfant s’est « mis en danger » [ah, l’inévitable et sacro-sainte « mise en danger » !], ce à quoi tout le monde acquiesce, comme avec soulagement, puis elle continue en disant « mise en danger des autres ».
[ces gens parlent donc comme d’une réalité d’un danger inexistant -jusqu’à preuve du contraire (est-ce qu’on se met en danger en se mordant la main ?!?]
Incohérence : ils tiennent pour vraie une chose fausse.
‘AFE’/ AUTRES FAITS ETRANGES REMARQUABLES
– La présidente demande à la MDPH et au père de s’exprimer au sujet de la demande de renvoi de la mère [ce qui est sans doute leur droit]alors qu’il paraît évident que le non-renvoi leur est profitable (puisqu’il n’y a aucune défense), [donc on ne voit pas pourquoi ils n’appuieraient pas le refus du renvoi, déjà largement prévisible de par l’attitude de la présidente (petites remarques et intonations) et par conséquent on peut se demander si le fait de les interroger (pour qu’ils participent eux-mêmes au déni de défense) contribue à l’équité.]
 
– La présidente demande au père s’il peut juger de l’état de santé de la mère (par rapport aux doutes sur le certificat médical) [soit dit en passant : quand un certificat médical est fait par la mère, tous les doutes sont permis, mais par contre le certificat médical fait au bénéfice de l’AVS après la soi-disant « agression », lui, est considéré comme parfaitement valable et indubitable, et utilisé avec moult exagérations dans la presse, notamment sur RTL par l’EN (M. Baglan et « les coups portés par l’enfant »)]  https://www.rtl.fr/actu/conso/problemes-de-discrimation-et-d-assurance-vie-dans-ca-peut-vous-arriver-avec-julien-courbet-7774577019 (à partir de 34’38 » : « [Timothée] a porté des coups sur [son AVS] » (faux !)

Le père dit aussi qu’on lui a rapporté que son ex-femme était tel jour à tel endroit.

– L’inspecteur d’académie conclut son intervention en disant que l’EN « peut continuer à travailler pour faire un dossier pour trouver un établissement permettant la prise en charge éducative, scolaire et thérapeutique » de l’enfant. Il finit par « voilà ce que l’on peut dire de nos difficultés, Madame la présidente » [en riant sur le mot difficultés – dans ce cas ce rire n’a rien de moqueur ni de négatif, il est juste une marque de sympathie et de connivence, dans l’esprit « oh là là, oui on en bave, mais ça va, on tient le coup » et il renvoie surtout au fait que la présidente a invité l’EN à parler de ses « difficultés »]
On ne sait pas très bien à quels établissements il fait allusion, mais la présidente enchaîne en lui disant que justement il lui a fait passer une liste d’IME, ce que l’inspecteur corrige en disant que c’est la liste de la MDPH, mais que cette liste, d’après lui, « correspond à la problématique »
– Le directeur de la MDPH dit que « à cause des hasards du calendrier », il présidait la CADPH ayant prononcé l’orientation en IME et également celle ayant eu à statuer sur le recours gracieux…  Et que les dossiers sont anonymisés…  [note : au vu de la complexité de ce dossier bien connu, il semble peu plausible que le directeur n’ait pas reconnu de quoi il s’agissait.] [et on se demande bien pourquoi, vu sa détermination, la MDPH changerait subitement d’avis – et puis d’abord, pourquoi précise-t-il qu’il n’y a pas les noms ? cela veut dire que les membres de la CADPH ont besoin de ça pour statuer honnêtement ?)
 
Un des assesseurs, apparemment médecin, demande plus de précisions sur les « automutilations ». Le père explique alors que dans le passé, l’enfant se mordait quand il était soit « contraint » soit « dans l’angoisse ». Et que cela peut exceptionnellement se reproduire quand il est dans un état de stress intense. [Déclarations qui contribuent à rendre peu crédible l’idée d’une « agression » ou d’une « mise en danger », avec intentions hostiles, par rapport à l’incident avec l’AVS]
– Vers la fin, le père explique que la « thérapie » de la mère consistait à faire injecter à l’enfant des antibiotiques tous les jours. J’ai moi-même constaté qu’une infirmière vient chaque soir faire une injection à ce jeune. La mère m’a expliqué qu’il souffrait de borréliose depuis tout petit, que cela nécessitait ce traitement, et que dans le passé il avait des douleurs aux articulations [je rajoute que cela pourrait peut-être expliquer pourquoi il se mordait les mains]). Elle m’a dit aussi qu’il y a des corrélations entre borréliose (ou maladie de Lyme) et autisme. En cherchant un peu, je lis que des traitements aux antibiotiques peuvent donner de bons résultats. Dans ces conditions, on peut difficilement reprocher à la mère de vouloir traiter son fils relativement à la borréliose (apparemment difficile à traiter), surtout si cela peut diminuer ses difficultés d’autiste.
Seulement, le père décrit la chose par le raccourci suivant : « soigner l’autisme avec des antibiotiques… » [sous-entendu : c’est n’importe quoi – et, certes, présenté ainsi, ça choque – il n’a absolument pas évoqué la borréliose ou la maladie de Lyme]. Suivent diverses allusions voilées, où on s’interroge sur la personnalité de la mère… Par exemple le médecin demande « est-ce qu’elle est dans le déni ? » et le père répond « c’est une hypothèse ». [De toute façon, toutes les allusions faites à la mère étaient systématiquement contre elle, laissant entendre (sans le dire !) qu’elle serait un peu comme une sorte de folle hystérique acharnée (dit de manière un peu exagérée) – ces allusions sont à peine évoquées, tant il apparaît que tout cela est un lieu commun, une base pour eux]
– A la fin la présidente dit « on est tous là dans l’intérêt de l’enfant… il ne manque finalement qu’un juge pour enfant et sa vision du dossier… l’enfant a besoin d’une personne neutre pour le soutenir et le défendre ». [donc on note que la mère ne manque pas, que le « tous là » suffit, et que le « manque d’un juge pour enfant » ne l’empêche pas pour autant de statuer]. Le père conforte en disant qu’il pense que son fils a besoin d’un tiers, « aussi bien pour lui que pour moi aussi »… [donc cette « audience » se déroule avec une absence de la mère (c’est à dire de toute opposition), qui paraît naturelle à tous (et ô combien pratique), et aussi d’autres personnes dont « l’enfant a besoin pour se défendre » correctement…  on se frotte les yeux…]
– [Note personnelle importante (j’invoque ici ma liberté d’expression) :
Lorsque, au tout début, la présidente, après avoir exposé que -depuis le matin même- le père a recouvré ses droits sur l’éducation de l’enfant, elle fait remarquer « ça change l’aspect du problème », on pourrait s’attendre à ce que ce changement de rapports de forces implique que puisque la mère ne peut être défendue aujourd’hui, et que, en plus, la partie adverse a beaucoup plus de force puisque le père a subitement un énorme pouvoir de décision, et de prépondérance parmi les personnes présentes, alors il faudrait absolument, du coup, que la mère soit présente pour que cette audience soit effectuée, par souci d’équité. Eh bien non, pas pour « la cour » !
Il me semble qu’on ne peut pas reprocher à la mère d’être malade (et on peut même le comprendre facilement, vu sa situation très difficile depuis un mois), ni lui reprocher le fait que son avocat ne vient pas depuis Paris pour confirmer une lettre, ni qu’elle ignore que la présidente désire des motifs plus précis sur des certificats médicaux, ni que le père obtienne des droits imprévus quelques heures avant l’audience (à laquelle, sinon, il n’aurait pas pu participer aussi activement, voire pas du tout). Dans ces conditions, il paraît injuste de faire jouer ces éléments contre elle (en lui refusant le moyen de se défendre, par un renvoi), tout en négligeant (voire en profitant de) un élément d’accablement supplémentaire (la présence surprise du père, notoirement très hostile contre son ex-femme). Cette réflexion, qui coule de source, ne me vient pourtant qu’au moment où j’écris ce témoignage, tellement le souci de justice que j’évoque ici paraissait « hors-sujet » lors de l’audience, qui ressemblait davantage à une pièce de théâtre, où l’on s’acharne sur les absents, tout en faisant semblant d’être juste, en respectant poliment des règles superficielles, et en prenant même plaisir dans la maîtrise de cet exercice paradoxal « subtil », le tout sans être contrarié ni contredit par quiconque. Un « bon moment entre alliés », d’où l’ambiance quasi joviale, à peine voilée pour la forme, par de faux efforts dont personne n’était dupe, ce
 qui renforçait là encore la connivence, pour ne pas dire la communion. J’ai mis beaucoup de temps à me remettre de ce qui m’est apparu comme un simulacre de justice, du point de vue de quelqu’un qui ne connaît que le bon sens et l’humanité, et  pas les règles administratives appliquées dans le cas décrit)].
 
[En conclusion, l’ensemble de l’audience était à charge contre la mère, et sa seule « faute » a été de ne pas se douter que le certificat médical serait jugé « peu convaincant » et de ne pas se douter non plus que l’avocat aurait dû venir (d’après la présidente), chose qu’elle n’a pas faite. On accable cette mère (et cet enfant) à fond, sans la moindre considération pour le fait qu’elle ne peut pas avoir les facultés de divination, d’ubiquité ou autres, apparemment nécessaires ici.]
 
[Le gros défi de cette audience c’est « comment mener une audience entièrement à charge, sans la défense, tout en paraissant impartial et juste ». Le sort de l’enfant était déjà décidé depuis longtemps par tous ces gens, et plusieurs fois, et ils ne venaient que pour reconfirmer encore les choses.
Sans possibilité de défense.
Et dans l’ignorance ou le mépris des conventions et résolutions de l’ONU et de l’OMS, et de l’avis N° 102 du Comité Consultatif National d’Ethique, démontrant le côté détestable (et contre-productif !) de l’institutionnalisation, notamment pour les autistes, et condamnant cette pratique. Pourtant, les deux choses se passent sur la même planète, au même moment.
Qui a raison ? La communauté internationale, les parents et les autistes ? Ou des gens non concernés par la situation de l’enfant, et pas vraiment au courant de celle-ci ni des conventions et lois ?
– Ont-ils évoqué la CDPH (ONU), la résolution WHA67.8 de l’OMS, l’avis N°102 du CCNE (etc.) ? Non.
– Y avait-il un spécialiste de l’autisme ? Non.
– A part le père, et moi, quelqu’un a-t-il vu l’enfant (par exemple pour juger de sa prétendue « dangerosité » ? Non.
– Est-ce que tout cela est réellement sérieux ?…]
[Je n’ai pas vraiment pu faire de catégorisation ni mettre les abréviations prévues, car en fait tout s’entremêle : l’ensemble, en lui même, est parfaitement cohérent dans son abracadabrance, académique, judiciaro-comique, on ne sait plus…]
Et Timothée ?

 

Eric LUCAS
contact@allianceautiste.org
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ONG d’autistes pour l’entraide et la défense globale des autistes
enregistrée en France sous le numéro W691085867