Combien rapporte un siège au Comité National de l’Autisme ? et autres questions politiques

On le sait, et le discours officiel l’a suffisamment martelé, siéger au CNA (Comité National de l’Autisme, version de dinosaure, celui d’avant la révolution des TND, aka Troubles Non-Définis) est parfaitement bénévole. Désintéressé. Le CNA est, en cela, en ligne avec d’innombrables autres instances administratives. Allons au-delà de ces berquinades. Chiffre à vue d’oeil : au moins 5 kEUR / mois pour qui sait finasser.

L’exemple de l’Ordre des médecins est éclairant pour aller un peu plus loin. Officiellement, bien sûr, les responsabilités à l’Ordre sont parfaitement bénévoles. Dans la pratique toutefois, chacun sait, pour le dire pudiquement, la valeur de l’argent.

Que soit mentionnée, sans la développer ici, une particularité du CNA qui le distingue de la plupart des autres instances : depuis relativement peu, il est dirigé, voire fermement tenu en main, par des personnes rémunérées, au demeurant extérieures au monde de l’autisme. Mais tel n’est pas le propos ici : il est question des sièges dits bénévoles du CNA.

A ce titre, il convient de distinguer plusieurs cas de figure : clairement, certains membres, voire beaucoup de membres du CNA sont réellement bénévoles, au sens où leur activité au CNA leur coûte plus qu’elle ne leur rapporte. Les plus subelins ont toutefois compris comment faire fructifier leur poste.

Passons sur les rémunérations purement narcissiques, avec la différence entre ceux qui « y sont » et le menu fretin des manants. Le vocabulaire est dur, mais innombrables sont les lieux de l’autisme en France où l’arrivée, dûment signalée, d’un membre du CNA fait l’effet de l’entrée en grande pompe d’un membre du Sacré Collège dans une église. Ensuite, tout dépend de l’habileté du coqueplumet et de son art à brandiller son grémial.

Que les choses soient dites : si vous « en êtes » et savez le dire, aucun organisme se partageant le gâteau de l’autisme ne pourra vous refuser ce que vous lui demanderez. Qu’il s’agisse des organismes de formation, des institutions médico-sociales, etc. Rémunérations sans contrepartie, emplois de nature indéterminée (un autre terme me venait à l’esprit), sinécures créées sur mesure, tout, vous pouvez tout demander. Et obtenir. Point remarquable, votre famille (oui) ou vos proches peuvent, eux aussi, bénéficier de cette sorte de « combinazione » digne des meilleures traditions.

Deux mécanismes bien précis accentuent le phénomène. Premièrement, le culte du secret, martelé depuis deux ou trois ans à chaque sauterie officielle dans l’autisme, rend d’autant plus inestimable l’information secrète, privilégiée ; qu’elle existe ou non, d’ailleurs, c’est son parfum qui compte. Ce que dans d’autres univers on appellerait délit d’initié est, dans l’autisme, le normal à peu près indispensable pour les organismes désireux de prendre le dessus sur leurs concurrents.

Deuxièmement, et de façon plus vicieuse encore, savoir faire miroiter sa proximité, réelle ou supposée, avec Claire Compagnon ou Sophie Cluzel permet en un clin d’oeil de délier les bourses les plus pisse-vinaigre. Le centralisme du système français devient sa fosse zymotique et fait le bonheur des fameux intermédiaires façon Takieddine. Le schéma est toujours le même : face à quelqu’un qui désespère de faire aboutir son projet, il convient de lui faire accroire par sa jactance que l’on intercédera pour lui auprès du pouvoir supernel. Un acte qui, s’il procède naturellement de la bonne volonté la plus pure, ne saurait demeurer étranger au potlatch. La roublardise ultime consiste à demander, la mine attrite, au désespéré de constituer un dossier complet sur son projet, avant de disparaître des radars… le malheureux découvrira peu après son projet en voie de réalisation avec d’autres noms que le sien. Et son nom de rejoindre la fort longue liste des arnaqués, pardon des « non-constructifs ». Du moins bien sûr si son projet rapporte assez.

Faiblesses inhérentes à la nature humaine, dira-t-on. Assurément. Cependant, dans d’autres domaines, les pouvoirs publics ont ne fût-ce que tenté de juguler les dérives, par exemple avec des lois dites « anti-cadeaux » dans le domaine médical. L’autisme officiel, parisien, reste au contraire l’univers du Far West. Où tous les éléments, à commencer par la lie dépravée de l’humanité, sont présents et actifs mais où, en dernière instance, une seule chose est sûre : les véritables Indiens, parqués dans leur réserve se réduisant comme peau de chagrin sous les coups de butoir des scalps budgétaires successifs, ne seront pas sur la place du village.

(texte attribué à Josef Schovanec)

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